La personnalité à suivre

Alexandre Castel



1)    Peux tu nous dresser un portrait de parcours ?Alexandre CASTEL


J’ai été diplômé en 2009 des mines de Douai où je me suis spécialisé sur les énergies renouvelables.
Ayant toujours eu un attrait pour l’Afrique, c’est donc naturellement que dès mon entrée en école d’ingénieur j’ai effectué mes premiers stages au Burkina Faso et au Sénégal en ONG sur des problématiques eau et énergie. Cette expérience m’a permis de me rendre compte que travailler pour une ONG ne répondait pas complètement à mes attentes notamment en terme d’efficacité du fait de l’absence de pérennité qui ne dépend pas de moi. C’est pourquoi à la suite j’ai fais un master à HEC en développement durable et entreprenariat social. L’objectif de ce master est d’impulser la création ou le développement de services et produits pour les populations à faibles revenus.
J’ai effectué mon stage de fin d’étude en Angola où j’ai travaillé dans les télécoms. Et à mon retour en Août 2010 j’ai abouti sur la création du projet station Energy.


2)    Si tu devais présenter Station Energy tu dirais ?


Station Energy c’est développer des solutions innovantes d’accès à l’énergie et à des usages de bases pour des zones isolées dans les pays à fort potentiels solaires et à faible pouvoir d’achat où le réseau électrique n’est pas totalement répandu. Pour l’instant nous ne sommes qu’ en Afrique.
Nos activités se composent comme suit :
D’une part la vente, qui consiste à commercialiser des kits solaires individuels tels que des batteries, de petits panneaux solaires et des appareils individuels à brancher prêts à l’emploi. On vise plus les foyers urbains et péri-urbains.
D’autre part, la station Energy le cœur du projet. Il s’agit d’une boutique multi-services alimentée par les panneaux solaires où l’on fait de la location de batterie. Le but est d’alimenter les foyers dispersés en milieu plutôt rural. Le principe est de louer une batterie comme on loue une bouteille de gaz. On échange celle vide par une autre pleine contre 500 francs CFA. Cette batterie permet d’avoir par exemple une autonomie de téléphone portable ou de lumière pour la semaine.
On fait également du « cyber café » en mettant à disposition des frigos à la station car on ne peut pas les alimenter par la batterie. On développe aussi le mobile banking. La stratégie est d’apporter l’énergie, la communication, la chaîne du froid et les services financiers qui sont pour nous les quatre piliers fondateurs de l’économie locale. Grâce à cela, on donne aux individus les outils ; par exemple une vendeuse va mettre son bissap dans nos frigos et ainsi le vendre frais : C’est une façon de créer de l’activité économique.

3)     Quelle est la constitution de ton équipe ?
J’ai deux associés : Patrick Reynaud qui vient du monde des photovoltaïques et Jérôme Brasseur issu de celui des télécoms. Ils amènent un certain nombre de compétences complémentaires en particulier toute la technique, l’expérience commerciale et le réseau que je n’avais pas forcement. Dans chaque pays on a des partenaires qui nous aident à implanter station Energy.
On est aujourd’hui implanté au Sénégal, en mode projet pilote en Côte d‘Ivoire et bientôt aux Comores.

4)    Quels sont les principaux obstacles actuels ?
-Le temps : quand on crée, tout va toujours moins vite que prévu du fait qu’on dépende d’autres personnes qui sont moins pressées que nous.
-La productivité locale : on perd beaucoup de temps sur des choses telles que les transports. En effet, Il est difficile d’enchainer 4 ou 5 rendez-vous dans la journée. Ou encore les coupures d’électricités récurrentes dans certaines régions.
- La difficulté à réunir de la main d’œuvre qualifiée en nombre : Il est facile de trouver un partenaire compétent mais trouver une équipe compétente prend beaucoup plus de temps.


5)    Des projets d’implantation dans d’autres pays ? Et comment se fait la sélection de pays ?
On a des projets d’implantation au Togo et au Burkina Faso.
En ce qui concerne le choix des pays, je peux dire que c’est juste une histoire d’opportunité, de rencontres de personnes qui veulent travailler avec nous.


6)     Quel a été l’apport de l’African Business Club ?
Sincèrement, je pense que si je n’avais pas participé et gagné le concours ABC innovation, j’aurais abandonné mon projet. En effet, à cette période je traversais en quelque sorte le désert. Gagner votre concours fut pour moi une nouvelle mise en lumière du projet Station Energy et aussi un plein de motivations qui poussent à ne pas jeter l’éponge et continuer à tout mettre en œuvre pour concrétiser son projet.
Je suis d’ailleurs toujours en contact avec la majorité du jury.


7)    Est-ce si dur de concrétiser son projet d’entreprenariat ?
Une idée au final ne vaut rien tant qu’elle n’est pas mise en place. On peut avoir la meilleure idée du monde mais si on ne la met pas en action elle est nulle. La véritable difficulté est de concrétiser son idée et donc in fine convaincre des gens afin de trouver en quelque sorte des « followers »

Le conseil que je donnerais c’est de ne pas hésiter à se lancer : c’est une formidable aventure même si ce n’est pas rose tous les jours. Il faut avoir une bonne dose d’auto motivation.

 

Propos recueillis par Léonie Ngolle